Je n’ai pas voulu poser la question du pourquoi, pourquoi moi? Je n’ai pas voulu me voir comme une victime injustement terrassée par le cancer. Jusque-là je n’avais jamais été malade, ne prenais pas de médicaments, avais dû consommer cinq aspirines de toute mon existence, faisais du sport, nourrissais de nombreuses passions. Dans mon entourage, les gens se demandaient quel choc émotionnel j’avais eu, susceptible d’expliquer mon état. J’ai refusé d’entrer en matière. D’emblée je me suis dit :
– Je ne serai jamais en colère parce que ça ça m’arrive.
La maladie, la naissance, la mort, ce sont des choses qui arrivent et je n’en suis absolument pas responsable, ni coupable. Ce ne sont pas des fatalités non plus, dans la mesure où il m’appartient de vivre ce qui advient comme je veux ou comme je peux. A quoi me servirait d’opposer une résistance, d’enclencher un combat, de me mettre en colère? Ma seule responsabilité c’est d’abord l’acceptation, émotionnelle et psychologique. Après l’initiation s’enclenche, une véritable odyssée aux frontières de l’humain dans un nouveau monde, un nouvel espace, avec un nouveau vocable, avec des moments extraordinaires et d’autres très très durs, avec la compassion et la gratitude pour affronter ce qui tue. Du passé et de ce passé récent, je choisis de chérir les apprentissages !
CZ & FT / Extrait du récit intitulé Palden Lhamo, récit de voyage, octobre 2020