Passer

La vie est un sous-bois où le soleil joue avec l’ombre des grands arbres. Au sol germent de fragiles promesses, tapies dans l’humidité fertile des mousses anciennes.

J’ai vu le lierre et la mousse comme une barbe douce à la peau de l’arbre. Je vois maintenant l’obstacle que représente le tronc.

J’ai vu le lierre toujours vert et la mousse humide, vivante, sans comprendre que ce tronc massif bloquait toute perspective.

On ne photographie pas ce que l’on pense. J’ai capturé du dehors l’image qui m’habite, et cherché une ouverture dans mon cadrage. L’espace est menu, mais il existe un passage vers la lumière. M’y convient, à l’arrière-plan, deux êtres élancés qui aspirent à quitter leur hiver.

Aux pieds des plus grands malheurs de notre vie, qui longtemps obstruent nos horizons, nous sommes peut-être invités à emprunter des sentiers en friche.

On n’abat pas les grands arbres, on les contourne.

 

FT / 23.03.2015